Jean est fort. L’adversité, il connait. Les revers, la guigne, le blizzard, les vagues, sont des mots qui peuplent son univers. En tutoyant la montagne, en se frottant à son granit, il a fait de la force un rempart au destin. En posant son regard bleu sur la vie, il cultive cette force, osant être tendre pourtant, comme tous les pères, tous les amants. Il voulait se glisser le long de cet Annapurna, doucement, sans artifice, et l’épouser au terme d’une longue noce froide. A deux doigts des cimes, le sort en a décidé autrement. Ces mêmes cristaux qui illuminent son regard sont venus briser son rêve en se logeant dans son oreille interne, le privant de son équilibre, lui, le roc absolu, le guide invincible. D’une voix douce qui se faufile entre force et tristesse, il nous dit qu’il vit et qu’il souffre de n’être qu’un homme face aux caprices de son corps. Pour avoir marché six jours dans son sillage, pour l’avoir vu grimper, franchir, vivre et convaincre, je peux vous dire que cet homme-là n’est pas comme les autres.
Que sa force l’aide à pardonner. Il reste un aventurier…
Pierre d’o